C’est cette ombre qui m’a poussé à devenir Lombre et, paradoxalement, c’est moi qui la suivrai
Compagnon de jeux de #Fauve, Georgio et Ben Mazué, marqué du sceau d’un optimisme réaliste et chantre de l’espoir, Lombre quitte le noir de son EP sorti en 2020 pour partir à l’assaut de ses envies et les rendre universelles. L’écriture dense est son moyen de locomotion à l’intérieur d’un « Ailleurs » accessible : celui de la création comme ligne de conduite. La vie est au centre de son propos : « Rien ne vaut la vie », alors autant la prendre à fond, surfer sur la vague, ne pas occulter ses rêves d’enfant, oublier les regrets. Cet album réalisé par Clément Libes est une invitation au voyage intérieur aussi bien artistique qu’humain amoureux ou citoyen. On déambule entre une ballade piano voix, des titres soleils, d’autres franchement rap, de cette diversité se dégage sa personnalité, amoureuse du mot juste, et des sons percutants. Ses mots qui vont jusqu’à posséder son corps qui danse comme pour mieux les souligner, les habiter à la façon d’un héros de fiction.
Il y a les rêves d’une nuit et les rêves d’une vie, Lombre fait sien des deux pour nourrir son « Ailleurs », premier album d’un observateur sensible, d’un amoureux des mots, d’un voyageur intérieur, qui sort de son noir originel pour toucher les étoiles.
« J’irais au bout de mes rêves/Où la rai-son s’achève » pourrait-il chanter à sa façon.
« A la base j’écrivais pour soigner des plaies ouvertes, je me servais des mots pour soigner des douleurs vives et je crois que ça m’a sauvé quelque part. Alors je continue. Tant que ça fait du bien, c’est que ça doit exister ! ». Andréas dès l’enfance a fait vivre ce qui allait devenir Lombre, d’abord pour chanter fort et danser loin, puis pour guérir d’un divorce parental qui fut le point de départ, mais surtout pour voir sa vie en grand. Prendre sans peur toutes les vagues qu’elle lui offrait afin de les partager.
Le confinement a laissé des traces dans ses sensations, ses émotions font face à la société anxiogène que l’on traverse, mais lui regarde vers les étoiles, y croira jusqu’au bout et cherchera le Beau sans jamais baisser les bras. Et c’est ce qu’il donne « aux siens » comme il appelle son public grandissant. Par altruisme sans doute mais surtout pour bâtir un monde meilleur tous ensemble, mariant les énergies positives. Le noir est de plus en plus transfiguré par l’espoir chez Lombre et
l’amour fait même éruption dans ses thé-
matiques.
Si Andréas a gagné il y a quelques années le Prix Nougaro à Toulouse où il vit maintenant, Lombre a toujours fait fi des étiquettes, chansons, rap, spoken words, peu importe, seule compte la franchise. Lui qui est dans une découverte permanente, capable de l’emmener vers des terres inconnues afin de faire grandir son imaginaire, avale tout pour créer son identité.
Son Ep paru en septembre 2020 donnait la couleur : Noire. Mais un noir qu’il faisait rimer avec espoir, sous la tutelle bienveillante du peintre Pierre Soulages dont la voix résonnait sur « La lumière du noir ». Son « Live entre les toiles » enregistré au musée Soulages à Rodez – leur ville natale – en compagnie du Quatuor Debussy et de Berywam, reste un moment fort de ces deux années marquées par la prise en main de la scène.
Premières parties en compagnie de quelques uns de ses repères (Ben Mazué, Gaël Faye, BigFlo et Oli). Puis l’arrivée d’un batteur qui secoue le rythme, et toujours son corps dansant qui parfois convoque le boxeur qui sommeille en lui. « L’ailleurs, c’est le point commun de ces 12 titres. C’est la destination inconnue, c’est le phare qu’on aperçoit au fin fond de l’horizon. Ailleurs, c’est la manière polie d’exprimer le fait qu’on ne se sente pas toujours bien ici, dans un quotidien qui va parfois trop vite, dans une réalité qui n’est pas assez proche de notre idéal de vie. Ailleurs, c’est une référence au passé, à nos ancêtres qui ont tracé le chemin avant nous, c’est une référence au futur aussi, aux prochaines années qui se trouvent au bout de cette longue route ».
Il mena un combat doux et exigeant pour façonner cet « Ailleurs », qu’il a conçu avec deux complices. Léo Bouloumié aux compositions et Clément Libes à la réalisation connu pour son travail avec BigFlo et Oli également membre de Kid Wise et de Bruit.
Si les mots qui savent être denses restent la matière brute de Lombre, la musique rayonne et avec cohérence on trouve des sons très rap qui côtoient une ballade piano voix (« Désir »), puis des fulgurances électro et deux titres « Plus soleil » dont « Dors petit, dors » promis aux radios. Et toujours sa voix convaincue, entre caresses et saine colère. Adepte de « Fête », son noir se blanchira peut-être au fil du temps, mais il restera son complice lumineux comme ce jour où album quasi terminé, Lombre donna un concert prévu de longue date au musée Soulages… le jour de la mort du peintre. Un passage de témoin symbolique ?